Il y a dix ans, nous réservions notre premier Escape Game, sans imaginer que nous tomberions encore une fois dans une folie ludique. Récit de dix ans d’aventures et d’évolutions du jeu…
Premières années
Décembre 2014, tout part d’un message de Lam Hua sur son blog qui parle du projet d’une de ses amies, Chloé de La Pièce. L’idée nous plait et nous réservons «Il était une Pièce». Cet Escape Game est une révélation et nous savons immédiatement que nous allons tomber dans un puit sans fond. La première salle Parisienne a ouvert un an plus tôt, en décembre 2013, et il y a déjà une vingtaine d’aventures sur Paris.
A l’époque, la difficulté des escapes se mesure par leur «taux de réussite», le nombre d’équipes qui arrivent à sortir à la fin des 60 minutes. Cette information est généralement communiquée par les Game Masters, mais aucun site ne regroupe l’intégralité des enseignes classées par ce taux. Je décide alors de contacter toutes les salles pour en faire le référencement et publie les premières données à l’automne 2015 sur polygamer.com. C’est à partir de là que les créateurs d’escapes nous proposent de venir beta tester leurs nouvelles salles, nous avions déjà un doigt dans l’engrenage et avions joué une dizaine d’aventures, le bras y passe en entier et tout s’accélère.
Explosion des salles et de notre obsession
Ce jeu devient une passion, une obsession, et nous jouons parfois plusieurs escapes par semaine. En juin 2016 je publie un article sur les statistiques d’ouvertures sur Paris, il y a déjà 62 salles ! Impossible de tenir le rythme en tant que joueurs et nous finissons l’année à 35 aventures jouées.
Cette période 2015-2016 marque l’arrivée des grandes enseignes. L’exceptionnel Lost Asylum de One Hour nous frappe tous, nous y jouons en plusieurs équipes et la salle s’améliore de parties en parties, tant le Game Mastering progresse pour devenir un art. Les budgets de création de salles, de décors, de mécanismes explosent aussi, The Game (qui avait déjà ouvert trois salles fin 2014) dévoile en 2016 le Métro avec son décor de véritable wagon, la Lock Academy présente ses incroyables mécanismes High-Tech de Labsterium.
Le nombre d’ouvertures de salles sur Paris et la banlieue des années 2017-2018 est effrayant, pour culminer à une centaine en 2018. Le jeu n’a plus grand-chose à voir avec les premiers temps, quand résoudre un Sudoku dans une cellule de prison pouvait paraître fun. Les thématiques d’horreur se multiplient et nous nous retrouvons de plus en plus souvent attachés, cagoulés, parfois même accompagnés d’un GM qui joue avec une tronçonneuse. La peur et le rire se mélangent dans des aventures mémorables.
La communauté Escape Games francophone est bouillonnante, nous fêtons les 10 ans des Polygamer chez Majestic, je suis juré des Escape Game Awards de 2016 à 2019 et nous terminons 2019 à plus d’une centaine d’escapes joués, principalement à Paris et plus rarement en province ou à l’étranger (tenter de comprendre un maitre de jeu Québécois au Walkie-talkie est un moment à vivre absolument).
Vers les loisirs immersifs
Le concept évolue petit à petit, la réflexion, les énigmes et les cadenas laissent de plus en plus leur place, le jeu se transforme en aventures immersives, les comédiens prennent parfois la place des GM. La durée de jeu se rallonge, l’essentiel n’est plus de sortir mais de vivre une expérience et le final est moins bloquant. Le Live Thriller nous fait vivre pendant 2h30 des moments incroyables, nous fait faire des filatures en pleine rue, ouvrir des rideaux métalliques de magasins et pénétrer dans des lieux glaçants où personne ne veut passer en premier.
La frontière Escape Games et Loisirs immersifs devient donc floue, même dans des enseignes plus traditionnelles comme Immersia où nous vivons un final épique à courir dans la rue, poursuivis par les GM. Certains joueurs de la première heure plus cérébraux sont déçus de cette évolution, nous trouvons au contraire qu’elle permet de vivre encore plus le jeu.
Ces années voient aussi l’arrivée de la VR dans les escapes, mais ce sera finalement assez éphémère.
La période Covid
Si 2019 a été moins prolifique en ouvertures que 2017-2018, le véritable coup d’arrêt est le covid en 2020 et ses confinements. Certaines enseignes tentent des expériences en Visio avec un GM dans les décors et les joueurs chez eux devant leur écran, mais ce n’est évidemment pas comparable.
Nous sentons petit à petit que nous nous éloignons des escapes. Les ouvertures de salles sont moins fréquentes, les fermetures se succèdent, le pic est passé, notre passion s’est un peu émoussée et nous ne jouons plus aussi fréquemment. Nous retrouvons parfois notre flamme, le Palais de l’horreur de Deep Inside provoque chez nous un fou rire incontrôlable et inoubliable, le Fléau du druide de Quest Factory nous rappelle ce que peut donner un Game mastering hors du commun, l’Orient Express de The One nous montre une nouvelle voie d’évolution vers la Murder party, sans oublier les étonnants Artifact ou Unleash Escape.
Mais cela ne retire rien aux aventures exceptionnelles que nous avons pu vivre en dix ans et 150 salles jouées, ces moments inoubliables de stress et de tension, de rire, de complicité et de collaboration, qu’aucun autre loisir ne peut offrir. Nous avons raconté une grande partie de ces aventures tout au long de nos 142 articles sur polygamer.com et des 94 articles ici même, qu’elles soient magiques ou plus rarement ratées.
Difficile d’imaginer les prochaines évolutions des Escape Games, nous serons cependant sans doute toujours là pour nous immerger dans leurs scénarios et déconner entre nous, encore et encore.
Retrouvez tous nos articles Escape Games, nos avis et conseils sur Paris, la liste complète des enseignes et salles de Paris/IDF et les taux de réussite.
Crédits Photos : La Pièce, Lock Academy, You have sixty minutes, Unleash Escape, Ron Lach-Pexels.
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