Au revoir Seigneur, nous allons à Bodie…
Nous avons découvert la ville fantôme de Bodie lors d’un road trip de presque 4.000 km dans les états de Californie, Nevada, Utah et Arizona, à l’été 2015. Parler d’Urbex pour qualifier Bodie est peut-être un peu excessif, cette ville étant gardée aujourd’hui par les Rangers et ouverte aux visiteurs dès que les accès sont possibles, à la fonte des neiges. Il y a pourtant un côté un peu secret dans cette ville, qui commence dès son approche sur la State Route 270. Voici le récit de notre aventure, suivi de l’histoire de cette ville.
Après quelques jours dans le Yosemite, nous traversons la Sierra Nevada et décidons au dernier moment de faire un détour pour découvrir Bodie, une ancienne ville de chercheurs d’or. Nous nous engageons sur la SR 270, et parcourons les cinq derniers kilomètres en nous demandant si la voiture va résister à l’état de la piste et aux très nombreux trous. Une autre voiture nous double et le conducteur nous fait d’étranges signes, il essaie de nous faire comprendre qu’il y a quelque chose d’anormal sous la voiture. En effet, une partie de la protection sous le châssis de notre Dodge Charger est arrachée, nous continuons néanmoins et arrivons en vue de la « ville ».
Nous avons immédiatement l’impression d’être à Walnut Groove, le pré que dévalaient Laura, Mary et Carrie Ingalls ne doit pas être bien loin… De très nombreuses maisons sont visibles, dans un étonnant état de conservation. Il ne reste qu’environ cinq pourcents des constructions, mais celles qui ont résisté aux multiples incendies et aux années de neige et de soleil sont en bon état, et encore meublées. Il coutait en effet moins cher à leurs habitants de tout laisser sur place et de racheter des meubles que de les déménager. Et si parfois les ameublements frôlent la mise en scène, cela ne gâche pas pour autant le plaisir de la visite.
La température est étouffante, le soleil ne nous laisse aucun répit. Nous parcourons les nombreuses rues, passons devant la dernière église encore debout, regardons par les fenêtres comme des enfants trop curieux. La balade est surprenante, et on imagine assez bien ce que devait être la ville à la fin du XIXè siècle. Au détour d’une rue, nous croisons Greg, un français qui termine une année sabbatique au Canada et qui est tout autant passionné de photo que nous, la conversation s’engage très vite, c’est un bon souvenir.
Nous voyons au loin les anciens bâtiments de la mine, mais ils ne sont malheureusement pas accessibles. Les charriots et les immenses tapis roulants qui s’élèvent dans le ciel font évidemment rêver, et l’on songe à une véritable sortie d’Urbex dans ce paysage magique…
Histoire
La ville doit son nom à W.S. Bodey, un chercheur d’or qui découvre le premier filon dans cette vallée de l’ouest Américain en 1859. Dix-sept ans plus tard, la Standard Company commence l’exploitation de l’or, ce qui provoque la création et l’expansion de la ville.
En 1880, la ville compte déjà 10.000 habitants, et la légende en fait la deuxième plus grande ville de Californie. Elle va très vite compter 65 saloons le long d’une rue principale longue de 2 km, et inévitablement une prison. La ville étant un repère de criminels, sa mauvaise réputation se propage dans le pays. Une autre légende rapporte la prière d’un enfant le jour où il apprend qu’il va y déménager, « Au revoir Seigneur, nous allons à Bodie ».
D’autres filons sont découverts dans la région, la population décroit aussi rapidement qu’elle a cru. Il reste moins de 1.000 habitants au début du XXè siècle, et dès 1915, l’appellation de ville fantôme lui est donnée. De nombreux incendies ravagent la ville, dont l’un très important en 1932.
La ville devient site historique national en 1961 et un an plus tard le « Bodie State Historic Park ». Elle frôle la fermeture définitive en 2009, mais l’état de Californie trouve le moyen de la maintenir ouverte au public.
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Crédits Photos : © Sébastien Mougey
UrbexElement dit
Magnifique spot, superbe série de photos !
Cela donne envie de s’aventurer dans cet endroit, comme tous ceux abandonnés de cette région et ceux qui trônent le long de la route 66 :)
Stéphane BON dit
Il est vrai que les intérieurs donnent l’impression d’avoir été mis en scène, presque comme dans un musée, mais cela n’empêche pas de faire de très belles photos.
Et ces vieux véhicules à l’abandon ont vraiment du charme.