Les passionnés d’Escape Games sont-ils à ce point déséquilibrés mentalement pour qu’un troisième hôpital psychiatrique leur soit dédié ? C’est en tous cas l’univers qu’a choisi Epsilon Escape pour sa toute première aventure.
Le joueur habitué au coté un peu bricoleur des différentes enseignes ne peut être que surpris à son arrivée devant cette nouvelle salle du boulevard Sébastopol. Le contraste est saisissant dès la vitrine, et ne fait qu’amplifier une fois à l’intérieur, où l’on imagine plus une étude notariale qu’un repère de joueurs masochistes. L’espace est divisé en petits salons séparés par d’immenses fauteuils et canapés Chesterfield, et l’on vous propose diverses collations pour patienter. Le gigantesque logo d’Epsilon Escape recouvre les murs, on se croirait presque dans une des stations du «Projet Dharma» de Lost.
Nous pensions retrouver Clémence –Maître des clés- avec qui nous avions communiqué préalablement et qui nous avait invités à venir découvrir ce «Patient de la Chambre 8», mais l’organisation est ici assez différente des autres salles. Pas de discussion préliminaire, on nous remet un livret des aventures d’Edmond Epsilon, fil conducteur des différentes rooms de cette société. Nous devons lire ces quelques pages en guise d’introduction de notre visite de la clinique «Sinople».
Le Patient de la Chambre 8
Il y a 25 ans, Edmond Epsilon a passé quelques mois dans le département psychiatrie d’une étrange clinique, et a développé un processus d’évasion avec le patient de la Chambre 8. A notre tour, nous devrons reproduire sa méthode pour nous échapper avant la prochaine ronde des gardes.
On nous dirige devant une porte au sous sol, et après quelques explications des règles de la room et de sa durée inhabituelle de 70 minutes, nous pénétrons dans la fameuse chambre.
Cet hôpital étant encore en activité, le décor n’est pas délabré, tout est ici en état de fonctionnement et l’on pourrait aisément se retrouver enfermés dans cette pièce. Murs capitonnés, carrelage froid, lit métallique, ceintures de contention à bracelet, tout y est. Mais à l’opposé de One Hour et son «Lost Asylum» des années 50, le registre n’est pas l’horreur et la peur, tout est plus léger et nous sommes face à une évasion classique. Les salles très sobres pourraient se situer tout autant en 1993 qu’en 2016, à l’exception de quelques objets aujourd’hui quasi oubliés qui agrémentent le décor, et entrent même dans la résolution de certaines énigmes. Ceux qui rêvaient de TDK MA90 Métal comprendront…
La fouille est bien présente, et si elle est inégalement répartie dans le temps, elle reste néanmoins un élément important de cette room. L’observation est un point clé du «Patient de la Chambre 8», elle est indispensable à la réussite de la partie. Certaines énigmes très High-Tech sont originales, collent bien à l’époque, et leur conception est une belle réussite. Il n’y a aucune lassitude dans la résolution des casse-têtes, ni surabondance de cadenas. Pas de difficulté particulière, les énigmes s’enchainent facilement, et les manipulations sont intéressantes. La coopération entre les joueurs est réduite, mais pas absente.
L’immersion n’est par contre pas totale, l’éclairage est neutre et il manque surtout des musiques et bruitages pour rendre cela plus vivant et nous faire réaliser que le temps passe. Pourquoi ne pas avoir ajouté des bruits de pas, de rondes de gardiens et de portes qui claquent ?
Nous atteignons la sortie au bout de 38 minutes en étant persuadés qu’il reste encore une pièce à découvrir, et incrédules, nous retournons dans la room. Une immense frustration se fait sentir, terminer en pleine montée d’adrénaline à la moitié du temps prévu est assez décevant. Nous sommes la seconde équipe à passer sous les 40 minutes, et nous ne cherchions vraiment pas à réaliser un record.
Le debriefing se passe à l’accueil en compagnie des deux concepteurs et propriétaires de la salle, Florent et Guillaume. Nous abordons inévitablement la question de la difficulté, mais leur discours n’est pas tout à fait en adéquation avec l’aventure que nous venons de vivre. Ils annoncent un taux de réussite de trois petits pourcents sans aide du GM, ce qui ne paraît pas réaliste vu notre résultat, lui même sans aide à l’exception d’un simple message dans les premières minutes. Le taux est évidemment plus élevé avec les indices du maitre de jeu.
Au final, cet Escape Game nous laisse un sentiment partagé. La réalisation est bonne, les énigmes High-Tech très réussies et parfaitement construites, mais il manque quelque chose pour qu’il puisse se confronter aux meilleures salles de Paris. La difficulté le destine selon nous à tous les joueurs, y compris débutants.
EDIT 03/2017 : Cet article date de mars 2016, et la Chambre 8 a été retouchée en de nombreux points depuis un an. Nous avons pu y retourner plusieurs fois pour découvrir les nouveaux mécanismes et surtout les améliorations d’ambiance. Nos critiques de l’époque portaient sur le manque de musiques et bruitages, et ceci a été largement corrigé, l’immersion ne devrait qu’en être meilleure !
Cet article a été initialement publié sur polygamer.com, vous pourrez y retrouver les avis des autres membres de l’équipe.
Plus d’informations sur cette salle sur le site d’Epsilon Escape.
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Crédits Photos : Les photographies de cet article proviennent d’Epsilon Escape
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