Si depuis tout petit vous rêvez de monter dans la cabine d’un conducteur du Métro, n’hésitez pas, assumez votre esprit d’enfant ! Voici comment je me suis retrouvé à conduire un RER…
Aout 2012, Charles de Gaulle-Étoile, le trafic est totalement interrompu sur le tronçon central du RER A. Une rame est à l’arrêt à la station et les voyageurs ne savent que faire sur le quai. Le conducteur discute devant sa porte, je m’en approche et lui demande s’il est parfois possible de monter dans la cabine pour faire un trajet. J’y pense depuis des années mais je n’ai jamais osé jusque-là. C’est effectivement faisable, cela dépend des conducteurs et il accepte lui-même souvent, mais ce ne sera pas pour ce soir puisque les trains ne repartent pas, en tous cas pas pour le moment.
Plutôt que de prendre une correspondance, je monte dans le premier wagon et patiente un peu. Par chance le trafic reprend plus tôt que prévu, et la rame démarre ! A la station suivante je me décide, descends sur le quai et frappe à la porte de la cabine. Le conducteur me reconnaît et me propose de monter avec lui. Ça y est, mon rêve d’enfant ferrovipathe va se réaliser, et au-delà de mes espérances…
Le conducteur m’explique entre Auber et Chatelet le fonctionnement des différents équipements, mon sourire est indescriptible et la vue depuis la cabine incroyable. L’arrivée en gare de Chatelet se fait par un virage en montée, à peine sensible en tant que passager mais bien visible d’où je suis. Il démarre, sort de la gare, et me propose de prendre les commandes. Ai-je bien entendu ?
Je me retrouve à conduire un RER à 90 Km/h, les lumières défilent dans le tunnel, j’ai l’impression d’être dans wipEout. La Gare de Lyon approche, il me montre la manette de freinage, je ralentis par à-coups et immobilise la rame un peu brutalement, quelques mètres trop tôt. Je redémarre doucement pour m’aligner au bon endroit et n’ose penser aux voyageurs qui sont secoués par mes manœuvres. Ouverture, puis fermeture des portes, le train repart. Je profite du calme du tunnel quelques instants, jusqu’à Nation. Le quai est bondé, j’ai l’impression que tout le monde me fixe. Mon second arrêt est bien meilleur, mais je suis presque en nage et préfère laisser le conducteur reprendre les commandes pour la suite. La fin du trajet est plus contemplative, la vue est vraiment étonnante…
Depuis ce jour, je frappe de temps en temps aux portes et les conducteurs acceptent une fois sur deux. J’ai pu monter dans trois générations de rames sur le RER A, l’ancienne MS 61 aujourd’hui réformée, la MI 79 rouge, et la récente MI 09. J’ai même fait un trajet en compagnie de l’auteur de «Mesdames et messieurs, votre attention s’il vous plait», le conducteur Cédric Gentil (@GentilCedric). Les gares apparaissent tout autrement depuis la cabine, les perspectives changent et certaines gares deviennent très esthétiques. Un des plus beaux moments était après une nuit de neige sur l’ile de France, les voies étaient blanches, tout était calme, presque magique.
Les conducteurs sont généralement accueillants, même s’ils n’ont en théorie pas l’autorisation de faire monter les passagers. L’un d’eux m’a raconté qu’il avait été surpris en passant de la conduite du Métro au RER, que le public n’était pas le même, plus distant, et qu’il avait beaucoup moins de demandes. Si vous n’osez pas frapper à la porte, vous pouvez avoir un aperçu des sensations en montant dans la première voiture du Métro ligne 1, cette rame est automatisée et vous pouvez vous placer derrière le «pare-brise».
Crédits Photos : © Sébastien Mougey
Laisser un commentaire