Entre l’Antarctique et le Cambridge des années 60, cette petite merveille ultra narrative arrive enfin sur consoles.
Il aura fallu deux ans pour que ce jeu passe de l’Apple Arcade aux consoles et PC, deux longues années à le surveiller, tant il avait l’air surprenant. Par son style graphique tout d’abord, ses aplats pastels, son animation, sa fausse douceur. Et par son thème aussi, que l’on pouvait entrevoir dans les différents trailers.
Peter, universitaire à Cambridge, part en Antarctique pour une mission scientifique en plein guerre froide, le continent est partagé entre les nations opposées. Son avion s’écrase et il doit trouver de l’aide. L’histoire alterne alors les scènes dans la neige et son passé en Angleterre, dans une succession de flashbacks présentés avec des match cuts, des transitions très esthétiques. Quand Peter ouvre la porte de l’abri d’une base scientifique sous la neige, il se retrouve projeté dans son passé de jeune professeur Anglais, au moment où il ouvrait la porte de son bureau. Mais au-delà de ce personnage, c’est le joueur lui-même qui se sent projeté, qui passe d’une scène à l’autre, d’une époque à l’autre, pour incarner de plus en plus Peter. À la survie du pôle Sud s’oppose ses études, sa rencontre avec Clara, un autre personnage important de l’histoire, ses collègues, son supérieur. La période est aux luttes politiques, sociétales, à la place des femmes dans ce milieu universitaire sexiste.
Comme dans tout jeu narratif, le joueur peut décider de l’orientation des dialogues. Mais plutôt que d’avoir le choix entre différentes phrases, South of the Circle présente des « émotions », cinq pictos qui vont de l’inquiétude à l’enthousiasme. Le choix d’une des émotions va poursuivre la discussion, avec une fluidité bien plus immersive que des choix de phrases pré-affichées. Certaines décisions vont avoir un impact sur l’histoire, mais d’une manière très surprenante qui ne peut être comprise qu’à la fin des trois à quatre heures de jeu, dans un très étonnant retournement. Si la narration l’emporte sur tout le reste du gameplay, d’autres actions sont toutefois contrôlées par le joueur, comme les déplacements du personnage ou la conduite par exemple.
South of the Circle est d’une très grande finesse, sa tension, sa mélancolie, son écriture, sa fin qui provoque d’inévitables questionnements en font un excellent jeu narratif. Et son superbe style graphique colle parfaitement à son propos.
Cet article a été initialement publié sur polygamer.com.
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