Comment résister à une petite boîte à musique toute mignonne accrochée en pleine rue ?
Si j’avais précédemment écrit des making-of sur certaines de mes caches complexes, c’est la première fois que je me décide à écrire sur une toute simple. Elle n’a pourtant pas de camouflage incroyable, mais l’élément qu’elle veut montrer est néanmoins surprenant. Ses maintenances sont aussi originales, et un étrange personnage la surveille !
La boîte à musique
Un jour de l’été 2017, je me promène rue du Sentier à Paris pour aller jouer dans un Escape Game non loin de là. En longeant un mur, je remarque une étrange œuvre de Street Art. C’est un mélange de mosaïques, de peinture, de bois et surtout, elle contient une petite boîte à musique ! En tournant la manivelle, une mélodie mécanique s’échappe, sur l’air de « l’Internationale ».
Après avoir noté les coordonnées et pris quelques photos, je commence à me documenter sur l’œuvre et son artiste. L’emplacement semble libre, pas de contrainte avec d’autres caches, je vais peut-être pouvoir poser une petite cache.
Morèje et Eugène Pottier
L’œuvre est signée Morèje, pseudonyme de Jérôme Gulon. Il est à l’origine de l’introduction de la mosaïque dans le street art et colle depuis des années ses mélanges de mosaïques et de peintures dans Paris.
Dans un coin de la mosaïque figure le nom de Pottier. Quelques recherches suffisent pour apprendre qu’il est un poète et révolutionnaire français, qu’il fût maire du 2ème arrondissement pendant la Commune de Paris en 1871 et qu’il est l’auteur des paroles de l’Internationale. Morèje a posé cette œuvre en 2016 pour le bicentenaire de sa naissance.
Je découvrirais plus tard par Morèje lui-même qu’Eugène Pottier était également dessinateur sur textile et que son atelier se trouvait 69 rue du Sentier, justement. Un fragment de tissu est même inséré dans le mur !
Germaine
La cache est publiée quelques jours plus tard, la petite boîte à musique est contente, des geocacheurs viennent lui tourner la manivelle et admirer l’œuvre.
Jour après jour, de nouveaux visiteurs s’y rendent et un personnage récurrent commence à apparaitre dans les logs. Une vieille dame passe ses journées derrière ses rideaux et regarde les geocacheurs loguer ! Certains en ont peur, d’autres la nomment Germaine, et son surnom est propagé de log en log. Je passerai en 2020 lors d’une maintenance lui dire bonjour et lui expliquer combien elle est célèbre.
Maintenances
De longs travaux sur un immeuble voisin rendent l’œuvre inaccessible, elle est juste visible au travers d’une palissade de chantier. Je déplace provisoirement la cache en espérant que la mosaïque survive au ravalement. La palissade est retirée à l’automne 2020, mais la boîte à musique a été arrachée. C’est avec tristesse que je lis les logs des geocacheurs déçus.
Petit à petit l’idée se forme, et si j’osais reposer une boîte à musique ? J’en trouve facilement une de dimensions équivalentes, mais comment refaire sa protection en bois et la faire tenir alors que l’œuvre est accrochée au mur. Après pas mal de tentatives, je me décide à faire une protection plus simple, juste un petit toit accroché au-dessus de la boîte. Ce sera moins beau, le plastique n’est sans doute pas à sa place ici, mais cela permet d’avancer dans ce projet. Je repose la boîte et sa protection au printemps 2021.
Enfin, quelques jours plus tard je passe plusieurs couches de vernis sur la peinture pour essayer de la protéger, des morceaux se détachent de plus en plus.
Je contacte Morèje pour lui dire que je me suis permis de reposer une boîte à musique sur son œuvre, et il me remercie de mon initiative, d’autant que l’on fête les 150 ans de la commune de Paris.
Cette cache a fêté tout récemment ses 1000 « Found it » et elle est de nouveau appréciée, maintenant que l’on peut retourner la petite manivelle et tenter de reconnaitre la musique…
Si vous passez dans le coin, allez voir la boîte et la cache, c’est GC78C8C :)
Crédits Photos : © Sébastien Mougey
Commentaires